Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 15:16

Henri UGHETTO oeuf et gouttes de sang

 

LES QUATRE DISQUES

 

Trouver sur le couvercle d'une poubelle (vers 22h18) le soir du réveillon pour le nouvel An 2012, ce coffret de quatre DVDs-R ne comportant aucunes rayures est une heureuse découverte. Celle de quatre films intrigants : Sur ce qu'il faut savoir pour comprendre l'art brut et l'art hors les normes (titre sur le boîtier délaissé) gravé par les éditions Mémoire des Arts (2007). Le premier d'une durée de 62 minutes, intitulé : L'histoire de l'art brut et de l'art hors les normes, est réalisé à la Fabuloserie, un musée dédié aux artistes bizarroïdes et autres bidouilleurs non-conventionnels, inventer en 1983 par l'architecte Alain Bourbonnais (1925-1988) à Dicy (89) un petit village dans L'Yonne en Bourgogne, avec un entretien de son ami de toujours, le vendéen Anti-marxiste et anarchiste, écrivain pacifiste, professeur à l'école nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD), Michel Ragon (1924), critique et historien d'art, qui nous fait découvrir des artistes, tels que : Jano Pesset (1936), le magasinier et sculpteur sur bois de lierre, François Montchâtre (1928) et ses drôles de machines animées, Giovanni Battista Podestà (1895-1976), l'ouvrier céramiste et ses bas-reliefs post-néo-moyenâgeux à pancartes, Simone Le Carré-Galimard (1912-1966), la résistante décorée de la croix de fer en pleine accumulation de débris figurinistes (des pantins faits de boites de conserves), Francis Marshall (1946) et son univers diabolique, fait de chiffons et de bas nylon, de la petite Mauricette et ses autres monstres gonflés, Pierre Avezard (1909-1992) dit "Le Petit Pierre" et son incroyable manège, véritable bijou art-Brutique, où il est signalé que les enfants n'ont pas le droit de jouer avec (par mesure de sécurité), puis bien d'autres créateur marginaux sont présents. C'est l'aventure historique de la Fabuloserie. Le deuxième disque est consacré à l'artiste Mario Chichorro (1932) par un entretien (2005) avec Alain Vollerin, critique et historien d'art, co-fondateur des éditions Mémoire des arts. Le virtuose et portugais Chichorro en plein labeur, reçoit le critique au sein de son atelier à Perpignan (66). Cet artiste travaille avec des plaques de bois compressées, de l'agglomérer de liège, qu'il sculpte pour façonner et faire émerger un fourmillement de personnages étranges (des foules) peints de couleurs hypothétiques et vifs. Ouvrier agricole à 31 ans et étudiant à l'École Supérieur des Beaux-Arts de Porto, enseigne en France dans les écoles primaires ou il fait découvrir ses expériences esthétiques aux enfants. Son oeuvre s'inspire apparemment du Baroque Portugais (XVIIIème siècle) et plus particulièrement des carreaux (Azulejos) de faïences émaillées peints à la main, spécialité historique et décorative de son pays natal. il fut remarquer en 1969 par le peintre Claude Massé (1934). La troisième palette (28 minutes) est pour l'inquiétant plasticien lyonnais Henri Ughetto (1941-2011) par une interview datant de 1987, dans l'atmosphère très spécial de son atelier, où il raconte un peut sa vie, ses obsessions, face à la caméra. Cet homme surprenant commence à dessiner à l'âge de quatre ans (1945) sur un mannequin de couturière, puis travaille la peinture à 16 ans et tombe gravement malade à 22 en 1963. il subit alors, une trépanation qui le conduira vers un long coma de plusieurs semaines. il est déclaré par les médecins, mort cliniquement le 11 août. Mais se réveille et s'échappe des bras de la faucheuse en restant amnésique pendant une année (1964) où il peint ses premières tâches de sang; il a 24 ans (1965) et exécute son deuxième mannequin décoré de grosses gouttes sanglantes. une véritable frénésie maniaque et créatrice s'empare de toute son âme. C'est avec un goût raffinée de la composition provocatrice, qu'il peint des gouttes de sang sur des oeufs (une forme parfaite) en plastiques (servant aux raccommodages des chaussettes) greffés sur des mannequins, nommer "imputrescibles". il décrit son obsession viscéral du comptage des gouttes de sangs (400 à 500 par oeufs), qu'il trace de ses pinceaux ensuite réunis en paquets, puis collés à des réveils. Cette nécessité possessif de comptée, le rapproche du Facteur Cheval (joseph Ferdinand 1836-1924), le créateur du palais idéal (26). il fabrique aussi, des sortes de grands monument funéraires, parsemés de milliers de crucifix, des masques zyeutés ou injectés de sang, des mannequins fleurs hérissés de saucisses, de fruits et légumes en plastiques (carottes, citrons etc..), de tétons de seins et de matières non-identifiées. Une production hallucinante, fournit par cinquante année de travail ininterrompu, exposer dans le monde entier. Un univers où la vie s'entremêle d'avec la mort pour l'éternité. Le quatrième et dernier enregistrement est destiné (1987) quand à lui en 27 minutes et trente secondes d'entretien avec l'artiste spontané Marie-Thérèse Bourrat (1938) dans son appartement situé à Lyon. Elle dessine aux crayon de couleurs dès l'âge de 8 ans, rencontre à 16, le peintre Jean Couty (1907-1991) dans son atelier, après avoir déserté l'école. Marie-Thérèse est une singulière et les encadrements institutionnalisées ne sont pas sa tasse de thé. Elle est solitaire et aime travailler seule : "je suis une fille triste " dit elle en riant aux éclats. Un chagrin qu'elle peint très rapidement (1950), représentant des petites filles accablées de malheur, puis des femmes nues, illustre (entre autres) le roman de l'écrivain Jules Renard (1864-1910), Poil De Carotte (1894), réalise de nombreuses affiches et décors de théâtres, confectionnant des cartons à chapeaux et autres objets décorés. Elle invente en 68, un art-thermaliste. En 1969, de retour d'un pèlerinage (rosaire) à Lourdes (65), elle peint les foules de paysans à la croyance "naïve". La vieillesse l'intéresse. Dans son enfance, elle fut déconcertée par l'inutilitées des choses, d'un quotidien sans issus. Son univers familier, sa chambre, devient son sujet de prédilection : des plies d'un lit reflétant l'absence de l'être aimer, au lit-cage, en passant par la lumière des lampes, son oeuvre est emprunt d'une tendresse submergée par la souffrance d'être, d'une femme d'intérieur prisonnière du temps. C'est une grande poétesse de l'absurde beauté. Voila. C'est fou ce que l'on peut trouver d'enrichissant sur le couvercle d'une poubelle.

 

DVD Mémoire des Arts 2007

 

Éditions mémoire des arts : BP 4553, 69244 Lyon Cedex 04. Tel : 04 74 01 05 45

La Fabuloserie : 1, rue des canes 89120 Dicy. Tel : 03 86 63 64 21

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : the visionnaire
  • : Arts et Mystères initiatiques
  • Contact

Recherche